2872 – Une victoire à la Pyrrhus.
- Pacha, j’ai un contact.
L’homme assis sur le fauteuil de commandement fixa son regard sur l’enseigne Tremayne en arquant un sourcil interrogateur et l’officier radar continua :
- Nos radars viennent de capter une puissante signature au cœur de l’amas. Le signal correspond à la destruction non contrôlée d’un astéroïde de plusieurs centaines de tonnes. Je concentre les senseurs en mode passifs dans sa direction.
- Que chaque bâtiment réduise sa signature et n’altère pas sa trajectoire. Ce champ d’astéroïde ne contient rien de précieux d’après nos bases et nous aurions dû détecter un mineur de grande taille bien en amont. Je ne veux aucun scan ou émission dans la direction de cette anomalie.
- La corrélation émise par l’ordinateur est terminée. Les radiations conséquentes de la destruction sont caractéristique d’un armement vanduul de taille minimum 8… Nous recevons les premières données. c’est un vaisseau vanduul d’un km de long, de catégorie Driller. Il est statique, boucliers éteints et équipement au minimum. Il se cache.
- Merci, enseigne. Il semblerait que le directeur de la milice ait vu juste quant à la cause des disparitions et pillages dans le secteur.
Le capitaine de vaisseau Alistair McKeon se gratta pensivement la barbe, appelant d’un geste de la main la carte tactique sur son écran de contrôle. L’ennemi , le vaisseau vanduul que l’ordinateur avait nommé « Bandit 1 », était en attente. Une fois les itinéraires des flottes humaines ajoutés, son objectif devenait clair. Profitant de l’éloignement simultané des deux principaux groupes de vaisseau de patrouille qui surviendrait dans une dizaine de minutes, il s’apprêtait à fondre sur la colonie humaine proche. Le trajet depuis la couverture d’astéroïdes jusqu’à la planète sans défense serait couvert rapidement et l’heure nécessaire aux escadrilles pour venir en renfort une fois l’alerte donnée suffirait amplement aux Vanduuls pour raser la colonie, voir piller ses restes, puis de disparaître dans le vide interstellaire.
- Quelles sont les chances que Bandit 1 nous ait détecté? Faibles Monsieur ! Répondit l’enseigne Tremayne après un bref calcul. Ils n’ont pas réagi à notre éventuelle présence. Il est peu probable qu’il ait perçu un de nos scans mais même dans ce cas les Vanduuls ne pourraient se douter de notre effectif.
McKeon se massa encore plus amplement les tempes. Même s’il ne savait pas encore exactement à quoi il avait affaire, la supériorité de l’ennemi en termes de tonnage ne faisait déjà aucun doute. Ni sa frégate ni les deux corvettes l’accompagnant ne pouvaient rivaliser avec un vaisseau vanduul de cette taille. Même si le feu de leur trois navires pouvaient ouvrir une faille dans les boucliers, leur armement risquait de ne pas frapper assez en profondeur pour porter un coup fatal au mastodonte.
- Capitaine ! Le Capitaine Frémont demande l’autorisation de passer sous impulsion maximum et de partir en interception de Bandit 1 ! Négatif. On ne bouge pas. Système électronique au minimum et couverture furtive active. On reste en observation. Que l’un des chasseurs d’escorte continue sur notre trajectoire afin de faire diversion au cas ou l’ennemi ait détecté l’un de nos signaux. Une fois éloigné sa mission sera d’informer le reste des forces du système de notre rencontre. Le pilote se mettra ensuite aux ordres de la milice jusqu’à ce que nous reprenions contact.
Un silence de mort s’imposa sur la passerelle et Alistair sentit l’ambiance devenir pesante suite à son ordre. Il y avait bien des profils servant au sein de la Navy mais l’officier avait soigneusement choisi son équipe de passerelle parmi ce qui se faisait de mieux : Il n’y avait là que des engagés volontaires de conviction. Des hommes et des femmes croyant encore aux idéaux d’honneur et de loyauté de la Flotte. Même s’ils n’avaient aucune chance de victoire, pas un n’aurait voulu rester les bras croisés pour assister au spectacle d’une colonie sans défense réduite en cendre par un vaisseau vanduul. McKeon aurait-il donné l’ordre d’éperonner l’ennemi pour essayer de l’emporter avec eux dans la mort qu’ils auraient salué l’idée d’une seule voix.
Mais la discipline étant au cœur de leurs valeurs aussi aucun n’ouvrit la bouche pour contester. Si on venait critiquer ensuite l’inaction de trois vaisseaux pendant qu’une colonie passait par le feu et le sang, toute la responsabilité en incomberait au seul capitaine de vaisseau McKeon, faisant fonction de Commodore et commandant l’escadrille.
Néanmoins, le dit capitaine, derrière le masque d’impassibilité qu’il avait enfilé, sentait la nausée lui nouer le ventre. Depuis des mois, son supérieur direct, Istian Goss, menait une traque incessante pour mettre la main sur le vaisseau vanduul qui terrorisait le secteur. Officier militaire valeureux et désormais chargé de la sécurité de ce système, Goss était prêt à tout pour accomplir son devoir. Il était décidé à trouver et détruire ce fameux « Bandit 1 ». Il avait fait jouer ses contacts afin d’obtenir les ressources pour quadriller le théâtre des destructions et disparitions qu’était devenu le système . A cette fin, il avait dispersé les unités légères de son escadre aux quatres coins de l’espace sous son autorité afin d’identifier puis de détruire l’ennemi à sa prochaine incursion dans la zone.
Problème, Goss devrait rassembler la marine éparpillée puis effectuer le long trajet jusqu’à la colonie soit une heure en étant optimiste. Malgré l’alerte préventive d’Alistair, « Bandit 1 » pourrait mettre son plan à exécution, le pillage serait court mais la colonie serait assurément rasée. Pire, l’équipage ne le savait pas mais McKeon avait l’ordre express de ne pas risquer ses vaisseaux. Sa mission n’était qu’un simple repérage, Goss ne souhaitait pas voir sa flotte réduite petit à petit par un ennemi insaisissable et la priorité était que la petite flotte soit entièrement disponible pour sa prochaine affectation, cette chasse n’étant pas dans la liste des priorités des dirigeants de la marine. Y mobiliser des vaisseaux entre deux offensives allait subir des pertes qui affecteraient le calendrier des déploiements. Malgré tout le sens du devoir déployé par lui-même et son équipage, ils se devaient d’être pragmatiques: Le budget de la Marine n’allait pas en s’accroissant et la production de vaisseaux était au ralenti. Si on venait à perdre trois unités ici, elles mettraient au minimum des mois à être remplacées, pour peu qu’elles le soient.
Et pourtant… Pouvait-il regarder une colonie être rasée sans intervenir, ou trahir ses ordres et risquer de tout perdre sans assurance de changer le destin tragique des civils qu’il avait juré de défendre .
- Le vaisseau vanduul se met en mouvement capitaine.
- O’brian ! Bandit 1 a-t-il levé ses boucliers ?
- Négatif pacha !
Il continue de maintenir sa signature au plus bas et il a coupé ses réacteurs de nouveau. En profitant de l’impulsion, il arrivera dans 13 minutes à l’aplomb de la colonie et ne devrait qu’à ce moment être détecté. Si son comportement en atmosphère est similaire à ceux déjà observés pour ses semblables, la colonie n’aura qu’une minute avant d’être à portée de feu.
Un sourire de rapace apparut sur le visage de l’officier supérieur et ceux qui s’en rendirent compte eurent également un sourire. Il avait décidé d’agir, ils pourraient contrer les Vanduuls. Plutôt que de courir au sucide contre un ennemi plus puissant ou d’assister impuissant au massacre , il mènerait la danse avec finesse. Inspirant pleinement, il reprit.
- Service tactique ! Mettez nos ogives en batterie. Que les corvettes fassent de même. Je veux que vous me calculiez un point d’interception à la position de Bandit 1, 1 minute avant le point de détection par la colonie. Nous savons où ils se rendent, bouclier baissé qui plus est. Voilà le plan les enfants : Quand le Vanduul sera suffisamment éloigné, dans 2 minutes nous décocherons en salves successives à arrivée simultanée au point d’interception l’ensemble des missiles pouvant être rechargés en vol en trajectoire balistique jusqu’à 1 km de la cible. Nous suivrons ensuite l’ennemi et l’intercepterons 30 secondes après l’arrivée des torpilles. Le silence radar sera maintenu , les boucliers et tous les systèmes non essentiels seront réglés au minimum pour nous permettre de passer en combat pendant la courte fenêtre entre l’impact des missiles et notre propre interception. Rechargez l’ensemble des tubes pour une nouvelle salve à notre entrée en combat.
Son sourire de prédateur s’accentua, devenant presque malsain.
- On les achève à coup de petites cuillères s’il le faut. Branle-bas de combat.
Rapidement, des trois vaisseaux furtifs perdus en plein espace jaillirent plusieurs petites lueurs. Après quelques secondes d’accélération, les lueurs disparurent, laissant les missiles tactiques continuer en ligne droite sur leur lancée. Il ne restait plus qu’à se rapprocher de l’ennemi silencieusement pour venir l’achever sans donner l’alarme afin de le surprendre pantalon baissé.
- Impact dans 20 secondes, pacha ! Trois jours de trou pour tout le pont si vous m’avez foiré ce foutu calcul d’intersection ou si il nous repère maintenant !
La plaisanterie fit sourire certains mais la tension restait palpable sur le pont. Si les missiles n’atteignaient pas leur cible, ils seraient détectés et n’auraient plus qu’à charger droit devant et mourir pour la gloire en sachant qu’ils seraient suivis dans la tombe par une colonie naissante. Soudain dans le coin supérieur gauche de la baie vitrée plusieurs petits flash apparurent, semblant s’unir en une seule et unique petite supernova et un « hourra » jaillit sur le pont. Le calcul était bon et l’ennemi venait, sans rien voir venir, d’encaisser une puissance de feu suffisante à la création d’un petit désert.
- Impulsion militaire maximale ! Pleine puissance au bouclier avant, manœuvre d’attaque delta six ! Allons voir ce qu’il en reste !
D’un seul homme, les trois bâtiments firent machine avant à pleine vitesse, telle une meute de loups se lançant à l’assaut d’une proie estropiée. Sur les écrans tactiques, la distance les séparant de l’ennemi s’amenuisait à grande vitesse. Soudain l’enseigne Tremayne eut un sursaut. Il lève son bouclier ! Visiblement il n’est pas hors combat… Bien sûr que non, ces foutus lézard s’entretuaient déjà alors que ton ancêtre se torchait le cul avec des feuilles de baobab sur Terre, gamin ! Ils sont coriaces.
Le jeune enseigne porta le regard sur son commandant dont le rictus prédateur s’était fait plus grand encore. Il se dit qu’il s’agissait typiquement là du genre de Capitaine qu’on se serait attendu à trouver sur le gaillard d’arrière d’un antique bateau pirate. A la réflexion, McKeon, même s’il ne le dirait jamais, aurait sans doute été légèrement déçu si sa tactique avait totalement détruit Bandit 1. Il voulait pouvoir lui faire la peau au canon et à bout portant.
Lorsque la distance devient plus faible, les ordinateurs de bord purent afficher une image en temps réel de l’ennemi. Certes son bouclier était fonctionnel mais à puissance réduite et d’immenses cratères étaient apparus le long de sa proue et sur ses énormes propulseurs. Il semblait lourdement endommagé. Cependant les vaisseaux Vanduul avaient déjà prouvé leur robustesse et rien n’était joué.
- Abaissez les volets blindés ! Tactique, que fait l’ennemi ? Il vire de bord monsieur… Il nous fonce dessus ! Salve de missile en approche !
- Jumelez nos défenses actives avec les deux corvettes et qu’elles restent près de nous. Cazaux, neutralisez moi ces foutus missiles !
Hormis la voix tonitruante du capitaine et le bruit des consoles, aucun son ne se faisait entendre sur le pont, chacun faisant son travail avec concentration. Sur les trois bâtiments de la flottille, des volets amovibles s’abaissèrent sur toutes les zones vitrées pour leur offrir la même protection que le reste de la coque.
Dans le même temps les trois navires resserrèrent leur formation afin de se couvrir mutuellement de leurs défenses actives, de petites tourelles laser conçues pour détruire chasseurs ennemis et missiles en approche. Ainsi ils auraient de meilleures chances de détruire les missiles que le Lieutenant Cazaux, responsable des systèmes de Guerre Électronique du bord n’aurait pas réussi à dévier.
Les trois navires de l’empire humain s’escrimèrent en diverses manœuvres alors que le vaisseau alien ouvrait le feu avec ses principales pièces d’artillerie. La distance qui les séparait encors permit aux trois bâtiments légers d’esquiver sans mal les tirs de railgun lourd alors que cinq missiles vanduul déviaient de leur trajectoires pour aller se perdre dans le néant, signe manifeste des efforts du Lieutenant Cazaux pour brouiller les têtes chercheuses ennemies.
Puis les navires de l’UEE Navy furent enfin eux même à portée maximale et, manœuvrant pour présenter leurs flancs, lâchèrent une bordée de torpilles parfaitement synchronisée. Dans le même temps leurs défenses actives entrèrent en action, détruisant quatre autres missiles.
Puis les leurres firent le reste et la salve complète de missiles partit à la dérive. Au moins, pensa McKeon, ils avaient l’avantage technologique pour eux. S’ils pouvaient se débarrasser de tous les missiles ennemis, ce serait déjà ça.
Vu de loin, le spectacle aurait pu être jugé beau. Le massif bâtiment ennemi fonçait à pleine vitesse, essayant de forcer les navires de l’UEE à accepter un combat à bout portant qu’ils auraient sans aucun doute perdu. Les trois frêles esquifs, eux, s’enhardissaient en manœuvres dilatoires, arrosant l’ennemi de toutes leurs batteries et lâchant bordée de torpilles sur bordée de torpilles. Les corvettes prenaient même le risque fou, à intervalle régulier, de se mettre plein axe sur l’ennemi pour ouvrir le feu de leurs canons principaux, les railguns que chacune portait en guise de figure de proue.
Et soudain enfin, le bouclier de Bandit 1 se désactiva sous le tir combiné et synchrone des trois bâtiments. Aussitôt la salve suivante de torpilles alla s’écraser directement sur sa coque, ouvrant de nouvelles brèches d’où jaillirent atmosphère, flammes et hommes d’équipage en combinaison spatiale. Hélas, bien que visibles, les dégâts ne semblaient pas très importants et McKeon comprit que leur puissance de feu n’était pas suffisante pour pouvoir infliger plus que des dégâts superficiels au colossal ennemi.
Les données récupérées pendant les longues minutes du combat révélaient la terrible vérité: les missiles de leurs salves d’embuscade et de début de combat avaient difficilement traversé le blindage. La même manœuvre exécutée par un croiseur lourd de la Navy, même seul, aurait probablement envoyé le vanduul ad patres avant même que celui-ci le détecte. Mais les tubes lance-missiles et lance-torpilles d’une frégate et de deux corvettes n’avaient rien de comparable à ceux d’un vaisseau de ligne.
Il ne semblait plus y avoir qu’une seule option, tenir un combat d’usure en espérant que la marine arrive à temps.
- Commandant nous avons reçu un message, le Commandant Gores et plusieurs vaisseaux seront ici dans 23 minutes
- Nous allons devoir tenir le coups, chaque instant gagné donne aux colons une chance de s’échapper et à nos alliés d’arriver.
Mais bien qu’ils ressemblent à de véritables prédateurs, les Vanduuls étaient avant tout une espèce intelligente, et leur commandant le prouva lorsqu’une salve monstrueuse de quatre-vingt missiles apparue soudainement sur les radars de l’UEES Pluton. Durant une seconde, la passerelle resta sans voix. McKeon lui-même sentit son estomac tomber dans ses talons lorsqu’il comprit enfin.
Les premiers échanges n’avaient eu pour but que d’évaluer leur défenses tandis que le gros des missiles attendait sagement une opportunité . Cette salve monstrueuse et concentrée surchargerait les contre-mesures humaines maintenant affaiblies par la pertes de plusieurs tourelles et de nombreux capteurs.
Puis le temps sembla soudain reprendre son cours alors que le compte à rebours avant impact s’afficher sur l’écran principal. Des ordres furent données et les trois navires se lancèrent dans des manœuvres exubérantes, larguant toutes les contre mesure physique utilisable, allant jusqu’à tirer leurs propres torpilles pour les faire exploser au milieu de la « nuée » dans le but d’en détruire un maximum. Et cela fonctionna dans une bonne mesure. Mais lorsque la vague mortelle atteignit les trois vaisseaux, ce fut l’enfer.
Il s’agissait de missiles de vaisseau de ligne. Cela n’avait rien à voir avec tout ce qu’avait pu envoyer les bâtiments impériaux jusque-là. Les boucliers déjà affaiblis par l’artillerie de bataille vanduul lâchèrent immédiatement et si le son avait pu se répandre efficacement dans l’espace, on aurait pu entendre le cri horrible du métal se déchirant comme de la paille sous les coups. Les puissants canons de Bandit1 sautèrent sur l’occasion et portèrent des coups chirurgicaux à travers le blindage béant
S’il y avait eu une caméra pour filmer, on aurait pu voir la batterie principale de la frégate s’ouvrir en deux, au sens propre, sous l’impact. Le navire sembla vomir ses entrailles alors qu’un mélange de métal tordu, de gazs en tout genre et de corps humains déchiquetés jaillissait dans l’espace.
L’horreur ne dura qu’un bref instant durant lequel McKeon lui-même ferma les yeux sous la dureté du choc. Et lorsque son regard s’ouvrit de nouveau, la passerelle de l’UEES Pluton, son navire, ne ressemblait plus à rien. Il y avait un trou là où aurait dû se trouver l’enseigne Tremayne. Les sangles de sécurité avaient retenu chaque personne sur son fauteuil mais le pont était désormais en gravité zéro suite à la déchirure de la coque. L’éclairage avait sauté, ne laissant que la lumière des très rares holo écran encore en état. L’officier responsable du contrôle des avaries aurait presque pu paraître en forme si une poutre de métal n’était pas venue lui transpercer le sternum, le tuant sur le coup.
Il fallait faire quelque chose, et vite.
- Larguer les fumigènes ! Cap au trois trois zéro, ordre à l’escadre : On se replis dans l’atmosphère
Les fumigènes n’en étaient pas vraiment. En vérité, il s’agissait de dispositifs de brouillage mobile : Des sortes d’obus que tout bâtiment de l’UEE pouvait tirer autour de lui afin de saturer l’espace avec des millions de petits débris métalliques émettant chacun un écho radar. Cela avait pour résultat de brouiller totalement tous les systèmes de repérage alors connu, aussi bien pour l’utilisateur du « fumigène » que pour l’adversaire.
Cela acheta au navire en détresse un court instant de protection contre les missiles adverses tandis qu’il s’enfonçait dans l’atmosphère de la planète qu’il avait échoué à protéger. Il avait subi une défaite.
Elle était cuisante. Avec ses systèmes com et détecteur courte portée HS, l’UEES Pluton ne le savait pas encore… Mais il était le seul survivant. Le Monarque et le Terra, les deux corvettes, avaient disparu corps et bien sous la violence de l’assaut.
Lorsqu’il s’en rendit compte, la galaxie entière sembla tomber sur les épaules d’Alistair McKeon. Il sentit une colère immense naître au creux de son estomac. Il était en colère envers lui-même pour avoir sous-estimé son adversaire. En colère contre son gouvernement qui coupait l’herbe sous le pied de la Flotte, ne lui donnant pas les moyens de défendre son peuple. En colère contre les Vanduuls qui semblaient n’exister que dans le but de détruire l’humanité. En colère contre l’univers entier. Il sombrait peu à peu dans l’inconscience pendant qu’autour de lui les pilotes luttaient pour semer le vanduul tout en ralentissant la chute de la carcasse qu’était devenue le Pluton. Sa dernière vision fut l’étincelle rouge de bandit 1 qui les suivait bien décidé à leur assurer un aller direct aux enfers.
Il ne se rendit pas compte que la petite colonie survivrait grâce à ce combat héroïque. Le combat avait coûté cher à certaines parties du vaisseau vanduul cruellement nécessaires en atmosphère. Le blindage avait protégé l’ennemi de la piqûre des armes humaines mais ses propulseurs, moins protégés, avaient été fortement endommagés.
Goss arriva à temps pour achever les aliens alors que Bandit 1 luttait pour s’extraire de l’atmosphère il restait trente mille survivants pour tout reconstruire. Les habitants de la colonie qui ne devaient leur salut qu’à une petite frégate et deux corvettes encore plus petites. Faible bougie dans l’océan de ténèbres qui semblait vouloir engloutir toute civilisation.